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22 juin 2005

Plaidoyer pour l'Europe des peuples

europe_cent  drapeau_europe4

Texte De Yann Fouéré, figure du mouvement autonomiste breton, auteur de " l'Europe aux cent drapeaux " ( Presses d'Europe, 1968 ) mis en ligne sur le site http://ideebretonne.org/ ce texte est un reflet de mes opinions personnelles, elles ne sont pas forcément partagées par les autres membres de Droite Ligne. Guillaume Haffner.

C'est d'étatisme que les civilisations finissent de mourrir. L'Etat-nation est aujourd'hui le principal obstacle à la construction de l'Europe. L'Europe des peuples, qui se confond avec l'Europe des régions et l'Europe des sources, est incompatible avec l'Europe des Etats. La troisième Europe ne peut naître que si celle des Etats disparaît.

Tous les gouvernements, passés, futurs des actuels Etats-nations sont de par leur nature même, conservateurs et stato-nationaux. Leurs frontières abritent les forces et les intérêts les plus rétrogrades de notre époque. A part peut être tel gouvernement des Etats les plus petits, aucun ne désire sincèrement passer de l'étape actuelle à celle d'un véritable fédéralisme européen. Le dogme de la souveraineté des Etats et celui de l'intangibilité territoriale s'opposent à la naissance et à l'épanouissement de l'Europe des peuples.

Il serait vain de compter sur la seule évolution : cette dernière, certes, tend à l'union de l'Europe, au développement des institutions internationales, à la division du pouvoir, du gouvernement et de l'administration entre des instances qui ne sont plus seulement ceux de l'Etat-nation. Mais l'Etat-nation résiste à cette évolution : Il s'efforce de la contrarier, de la retarder et de prolonger la vie moribonde de la vie du XIX ° siècle avec ses querelles et ses divisions.

La France refuse à ses régions le droit de gérer leurs propres affaires et d'avoir des rapports directes avec les instances européennes. L'avènement de la troisième Europe n'est fatal que si on se bat pour elle. Elle peut être concquise.Je ne crois pas quelle naîtra un jour de la seule bonne volonté des gouvernements stato-nationaux. Elle devra donc être gagnée contre eux.

Les européens seuls peuvent réaliser cette conquête. Ils doivent être en premier lieu convaincus que tous ces gouvernements et pouvoirs stato-nationaux, quelles que soient leur couleur politique, la forme et la composition de leurs gouvernements, ou l'idéologie dont ils se parent, sont des usurpateurs et sont l'ennemi a abattre. Des forces politiques et sociales nouvelles doivent s'organiser et s'encadrer pour servir à cette fin. Elles doivent se discipliner pour être capables d'agir comme une force unique. Ici encore, c'est la région qui nous fournit la réponse. C'est dans son cadre, autour de la défense de son droit à la vie de ses intérêts concrets de tous ordres, que ces forces de pression nouvelles et solides peuvent s'organiser. L'Etat-nation et le centralisme étatique ne seront détruits que par le jeu et l'action conjugués de deux forces et de deux mouvements qui aujourd'hui trop souvent se suspectent et s'ignorent : celui des particularismes régionaux d'une part, celui des fédéralismes européens de l'autre.

Les mouvements régionalistes et nationalistes qui agitent les nations ou les peuples aujourd'hui privés d'Etats ou d'institutions politiques et administratives qui leurs soient propres ont été longtemps tenus en suspiscion. L'incessante propagande des Etats-nations aidant, l'opinion a trop souvent tendance à les considérer comme rétrogrades. Elle conçoit difficilement que leur particularisme, leur souci de rester eux-mêmes et de diriger librement leurs propres affaires, soient conciliables avec la nécessité des grands ensembles et celle d'une construction européenne valable.

La plupart de ces mouvements, bien au contraire, ont été les premiers à prôner la nécessité d'une organisation fédérale de l'Europe. Les meilleurs esprits s'apperçoivent aujourd'hui qu'il n'y a ni contradiction ni paradoxe à l'évolution qui tend à unir un continent et en même temps à faire ressurgir les communautés humaines au sein desquelles se sont perpétués nos peuples et nos patries concrètes. L'Europe de demain ne peut se passer de ces forces régionales ou nationales, au sens ethnique du mot. Bien plus l'Europe des régions-Etats, l'Europe des peuples, ne peut naître que de leur victoire.

A la pression par le bas que doivent exercer les particularismes et les régionalismes, doit correspondre une pression par le haut. Ainsi se réalisera entre ces deux ensembles de forces une indispensable conjonction des efforts. Sans le contrepoids régional, l'Europe ira tout droit au super Etat européen, désincarné, abstrait et monstrueux. Livrés à leur seule inspiration, les unitaristes et les jacobins de l'Europe nous conduiraient peu a peu à l'Etat-nation Europe centralisé où sombreraient les libertés de tous les européens.

Yann Fouéré

L'Europe des cent drapeaux

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