La vaguelette de Villiers

Tribune Libre de Michaël Ferrari parue le 14 octobre 2005 sur le site Voxnr.com

Source : http://www.voxnr.com

Depuis 1973 et jusqu'à quelques années en arrière, le FN de Jean-Marie Le Pen fut le seul parti réellement nationaliste présent sur la scène politique française. Le premier parti qui dénonça officiellement d'immigration de la France, et les traités européens à vocation mondialiste et marchande. Il faut certes mentionner en 1998 la scession mégretiste ayant abouti à la naissance du MNR, parti qui reprenait les thèmes du FN en y ajoutant  quelques dimensions " plus modernes " telles qu'une plus grande place faite à l'Europe ou la lutte contre l'islamisation de la France, thème cher à une certaine droite qui ne sait plus différencier l'immigration de la religion. Bien entendu, une grande partie de la jeunessese rallia au MNR, supposé moins passéiste, plus " ethniciste " même... La preuve en fut que le MNR, le MNJ, particulièrement, fut très proche du groupuscule Unité Radicale.

Quelques années plus tard, le bilan est peu élogieux. Le MNR, de plus en plus absorbé par la lutte contre l'islam en vient à déclarer publiquement son soutien - peu critique - à l'Occident yankee ou a des organisations philosionistes. La concentration de ce parti sur la seule question " islamique " a eu tôt fait de l'isoler, les militants préférant s'en retourner vers un FN présent sur bien plus de terrains, notamment la lutte contre le mondialisme libéral, pour une plus grande démocratie, ou pour une amélioration du sort des travailleurs français.

Avec un peu de recul nous pouvons affirmer que le seul effet du MNR aura été de retirer au FN pendant plusieurs campagnes un certain pourcentage d'électeurs, ce qui aura été très profitable au système, à l'UMP notamment. ( N'oublions pas, en outre, que ce fameux Mégret fut un fervent partisan du RPR ). Beaucoup de militants nationalistes se sont  par ailleurs posé la question avec raison, de savoir si oui ou non le petit Mégret était un sous-marin de la droite molle.

Aujourd'hui, le cycle semble se répéter avec le parti de l'ex compère de Pasqua, Philippe de Villiers. On est heureux de voir au sein de la droite plus ou moins nationale, de voir un dirigeant " plus jeune ", moins stigmatisé par le passé et le matraquage du système...Il est étrange de voir un parti reprendre les thèmes du FN - qui lui les a défendu sans dévier depuis trente ans - sans pour autant que le gouvernement UMP ne cherche à le démoloir. Serait-ce parce que de Villiers n'a pas la carrure d'un véritable adversaire pour le système, ou parce qu'il est complice de ce dernier ? Peut être un peu des deux... Quoi qu'il en soit, nous ne pouvons qu'être surpris de voir que les propos de Jean-Marie Le Pen lorsqu'ils sont tenus par la droite bleue de de Villiers, ne semblent choquer personne.

Le MPF semble séduire, notamment une frange de la jeunesse d'extrême-droite qui se félicite de voir un candidat qui centre en grande partie ses campagnes sur la lutte contre l'insécurité, le terrorisme et l'islamisation. De Villiers se prétend patriote populaire. Du Mégret bis, avec une touche personnelle cela dit. Cette droite nationaliste qui se tourne vers le MPF semble oublier le libéralisme économique dont fait preuve ce mouvement, son parti pris pour la biométrie qui loin d'être efficace dans la lutte contre l'immigration ou le terrorisme, semble bien plus n'être qu'un prétexte pour accentuer le contrôle exercé sur notre peuple, son admiration devant la politique américaine et le " patriotic act " servant d'inspiration à de Villiers dans sa prétendue lutte contre le terrorisme.

Remarquez que cela semble logique compte tenu des critiques de l'extrême-droite à l'encontre de l'anti-américanisme jugé parfois comme étant " hystérique et primaire " puisque n'acceptant pas l'islam et l'insécurité comme les ennemis principaux de l'Europe. Le MPF qui se déclare souverainiste, à l'image du FN ne remet pas en cause les traités antinationaux de l'UE - Schengen par exemple - et tend plutôt à vouloir en préserver certaines clauses. Souverainistes, mais pas trop. En considérant  l'Europe comme le " maillon faible du monde occidental ", le MPF tient exactement le même discours que les croisés anglo-saxons au lendemain du refus de la constitution européenne, et affirme implicitement son attachement à cet occident néolibéral, placé sous domination des USA et du marché, qu'il s'agisse d'un marché américain ou national.

En outre, la lutte du MPF contre l'immigration s'inscrit dans une optique non pas de  conservation de l'intégrité de nos peuples, mais dans une logique plus ou moins marchande et productiviste puisque " les travailleurs offrant des qualifications réellement nécessaires sur les différents marchés européens " auraient le droit de demeurer sur notre sol, selon le programme du MPF. En faisant les yeux doux au MPF, certains nationalistes démontrent à quel point leur unique préoccupation est axée sur la trinité insécurité/délinquence/islam... publiant ce qui touche à l'indépendance européenne, à l'économie, au réenracinement de nos nations. L'expérience du MNR nous a montrée les résultats d'une telle politique exclusive.

La lecture du programme du MPF prête à la rigolade, tant l'inspiration frontiste est évidente à l'exception des modérations apportées par le côté droite bleue de De Villiers. Il est regrettable de voir que de nombreux nationalistes sont prêts à pactiser avec une droite bourgeoise, libérale et philo américaine, qui n'a d'autre mérite que de surfer  sur les positions de Le Pen et dont le seul effet sera, à terme, à l'instar du cas MNR, de diviser l'électorat nationaliste et d'affaiblir le FN.. qui lui est totalement nationaliste et opposé à l'Europe libérale et marchande. Mais il est vrai que De Villiers paraît plus " modéré ", moins " extrêmiste "... Sa présence sur la scène politique aura au moins le mérite de nous faire rire lorsque notre petit " patriote populaire " prononcera ses discours de sa grande voix d'orateur.

Espérons que l'UMP lui sera reconnaissant pour ses efforts.