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20 novembre 2005

Emeutes : le coût...

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Article paru dans le Figaro Magazine du 19 novembre 2005

Source : Figaro Magazine et http://www.lefigaro.fr

Sans même s'attacher à l'inestimable, l'atteinte aux personnes ou l'image craquelée de la France à l'étranger, la note est salée. Bien plus relevée que les chiffres lancés, çà et là, sur les bases de bilans non définitifs. A la décharge des assureurs, des municipalités touchées ou des services de l'Etat chargés de centraliser les données, l'exercice n'est pas facile. D'autant que le calme n'est pas complétement revenu. " Entre cinq et dix voitures brûlent encore chaque nuit dans chaque quartier sensible ", confiait un Préfet en milieu de semaine. A raison de 3000 à 3500 euros - coût estimé par les assurances, d'une voiture totalement détruite par le feu - la facture s'allonge vite. Au delà des dégâts matériels, les émeutes ont engendrés de nombreuses dépenses : 1500 hommes sont venus soutenir les 8000 policiers et gendarmes en place, la sécurité civile et les pompiers sont restés mobilisés, les services de justice sur la brèche... Autant d'heures à facturer ou a récupérer, " même si nous avons l'habitude de nous asseoir dessus ", lâche un policier fatigué. Les mesures annoncés par Dominique de Villepin et Jacques Chirac pour les quartiers sensibles, en vue de calmer les esprits, aurons aussi des conséquences financières.Et non des moindres. L'embauche de 2000 agents de police, 100 millions débloqués pour les associations, 70 000 bénéficiaires supplémentaires d'une bourse au mérite, 5000 assistants pédagogiques embauchés,  dans les collèges. Tout cela se compte en centaines de millions d'euros. A titre d'exemple, le doublement, en 2007, des équipes de réussite éducative pourrait coûter 300 millions. " Ce sont des investissements " affirment certains. " Qui n'ont pas fait leurs preuves par le passé ", leur répondent d'autres en désignant du regard 9000 carcasses de voitures, triste symbole de ce triste novembre.

Chaque jour qui passe on prend dix millions d'euros dans la tête. Christian Ottavioli, responsable de la cellule d'urgence mise en place par la SMACL ( mutuelle d'assurance des collectivités locales ), n'avait guère le sourire aux lèvres ces derniers temps. Sa mission dresser quotidiennement le bilan des violences urbaines signalées par les adhérants de la mutuelle, qui assure 81 % des villes françaises de plus de 20 000 habitants. Et tenter de chiffrer l'ampleur des indemnisations à prévoir. Il faudra bien sûr dépêcher des experts sur place pour obtenir une estimation précise des dégâts, mais d'ores et déjà, les équipes de la SMACL à Niort, font les premiers comptes, calculette en main. Le gymnase incendié, comme la classe de maternelle, s'évalue à raison de 1500 euros du mètre carré, la voiture incendiée à 1500 euros. Là, on parle de 500 000 euros, ailleurs de plus de un million d'euros comme à Brie-Comte-Robert ( 77 ) où un gymnase de900 m² a pris feu le 8 novembre. Deux jours plus tard, des jeunes  fasaient flamber les locaux de la police de Saint-Omer : 300 000 euros de dégâts estimés. A Sélestat  ( 67 ) lk'incendie des ateliers municipaux devrait coûter 1 850 000 euros ( pas de chance, c'est là que la municipalité garait ses chars fleuris ... ). Près de 2 millions d'euros : c'est aussi le prix de la salle des sports Pierre-de-Coubertin, à Dunkerque, qu'il faudra rebâtir sur un tas de cendre. L'incendie du Théâtre des Louvrais, à Pontoise devrait encore coûter plus cher encore : on parle de 3 millions d'euros !

Combien toute cette gabegie coûtera t-elle aux Français ? La question hante les esprits. Le chiffre de 200 millions d'euros avancé par la Fédération française des société d'assurance ( FFSA )  ne donne qu'une pâle idée de l'ampleur de la facture. Il s'agit encore d'une estimation à la louche, qui demande à être affinée par les déclarations de sinistres. Certains assureurs ne cachent pas leur inquiétude : on approcherait plutôt, aujourd'hui, de 250 millions d'euros.

Qui va payer ? Les assureurs généalistes ont été bons princes en décidant d'assouplir leurs conditions d'indemnisation et de ne pas appliquer de franchise aux particuliers propriétaires de véhicules incendiés ( environ 9000 voitures au 16 novembre, pour un coût global de 30 millions d'euros, selon nos calculs ) . Certains comme la MACIF ont même annoncé cette semaine des baisses de tarif. Du côté des assureurs des collectivités locales, on grince davantage les dents, c'est normal : ils sont exposés à des domages beaucoup plus conséquents ( de l'ordre de 120 à 150 millions d'euros selon leurs propres estimations ). " La coupe est pleine " s'insurge Bernard Bellec, président de la SMACL qui demande à l'Etat d'assumer ses responsabilités en prenant à sa charge l'indemnisation des dégâts comme cela peut être le cas lors des catastrophes naturelles. A défaut, les cotisations des collectivités locales pourraient augmenter fortement. " Pour nous les choses ne seront plus jamais comme avant, explique Christian Ottavioli. De la même manière que les assureurs ont intégrés le risque d'attentat dans une réflexion permanente à la suite des attaques terroristes du 11 septembre 2001, ils vont être contraints de tenir compte du risque de violences urbaines dans leurs calculs." Une hausse que les collectivités ne manqueraient pas de répercuter sur leurs administrés via la fiscalité locale.

Simple addition : 250 millions d'euros d'un côté, 272 millions de l'autre. Même si ce calcul revient à additionner des carottes et des petits pois, la facture globale des violences urbaines dépasserait un demi-milliard d'euros. Plus de huit euros par Français ! Et encore, cette estimation ignore l'impact économique réel des événements : des dizaines de commerces fermés, des salariés mis au chômage technique, des restaurents mis aux volets clos pour cause de couvre-feux en interdisant l'accès dès 22 heures... Il faudra prendre le temps de chiffrer le manque à gagner généré pour toutes ces entreprises, mais aussi de mesurer l'impact déplorable de ces émeutes sur l'image de la France à l'étranger. Les médias internationaux n'ont pas été tendres avec cet Hexagone, qui, aussi lent à se réformer qu'il est prompt à choisir des pistes sans issues ( les 35 heures, etc ) et à se mettre en grève pour un oui ou pour un non, voit maintenant son modèle social imploser.

La facture indirecte de toutes ces violences sera lourdes : investissements reportés, voyages touristiques annulés... La France première destination touristique au monde avec 75 millions de visiteurs par an , le restera t-elle ? Dernièrement la Maison de France a lancé une grande campagne de séduction auprès des touristes chinois pour les inciter à venir découvrir notre pays. En auront-ils seulement l'envie désormais ? Aux oreilles des étrangers, les termes " état d'urgence " et " couvre-feu " n'incitent guère à s'aventurer sur les chemins de la " douce France ".

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