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3 mai 2005

L'appel de Cochin en 1978 !

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Jacques Chirac, dix ans à l'Elysée, quatre ans à Matignon, quarante années à tenir comptoir politique est un véritable artiste, c'est surtout un acrobate qui passe allégrement du souverainisme actif au fédéralisme forcené.  Effectivement, il a été vendeur à la criée du journal l'Humanité en étant étudiant, donc sympathisant communiste, ensuite il a été gaulliste, puisque tout jeune secrétaire d'Etat de de Gaulle, pompidolien, puisque ministre sous Pompidou. Consécration de tout cela, il est nommé Premier ministre en 1974, du président Giscard d'Estaing. Le clash de 1976, le propulse patron du mouvement néo-gaulliste face aux centistes de Raymond Barre, en créant le RPR qu'il n'abandonnera qu'en s'engageant dans la campagne présidentielle de 1995. Le 6 décembre 1978, Jacques Chirac qui fait alors campagne en s'opposant à l'élection directe des députés européens qui doit se tenir l'année suivante lance depuis l'hôpital Cochin un appel qui fera date, et que, manifestement il a renié, puisque aujourd'hui il apparaît comme le leader des européistes fanatiques. Nous nous faisons un plaisir à en publier l'intégralité.

L'appel de Cochin, par Jacques Chirac, le 6 décembre 1978

Il est des heures graves dans l'histoire d'un peuple où sa sauvegarde tient toute dans sa capacité de discerner les menaces qu'on lui cache. L'Europe que nous attendions et désirions dans laquelle pourrait s'épanouir une France digne et forte, cette Europe nous savons depuis hier qu'on ne veut pas la faire.

Tout nous conduit à penser que, derrière le masque des mots et le jargon des technocrates, on prépare l'inféodation de la France, on consent à l'idée de son abaissement. En ce qui nous concerne nous devons dire NON.

En clair, de quoi s'agit-il ? Les faits sont simples, même si certains ont crus gagner à les obscurcir. L'élection prochaine de l'assemblée européenne au suffrage universel direct ne saurait intervenir sans que le peuple français soit directement éclairé sur la portée de son vote. Elle constituera un piège si les électeurs sont induits à croire qu'ils vont simplement entériner quelques principes généraux, d'ailleurs à peu près incontestés quant à la nécessité de l'organisation européenne, alors que les suffrages ainsi captés vont servir à légitimer tout ensemble les débordements futurs et les carences actuelles, au préjudice des intérêts nationaux.

1. Le gouvernement français soutient que les attributions de l'Assemblée seront fixées par le traité de Rome et ne seront pas modifiées en conséquence du nouveau mode d'élection. Mais la plupart de nos partenaires énoncent l'opinion opposée presque allant de soi et aucune assurance n'a été obtenue n'a été obtenue à l'encontre de l'offensive ainsi annoncée, tranquillement, à l'avance. Or, le président de la République reconnaissait à juste raison, dans une conférence de presse récente, qu'une Europe fédérale ne manquerait pas d'être dominée par les intérêts américains. C'est dire que les votes de majorité au sein des institutions européennes, en paralysant la volonté de la France, ne serviront pas les intérêts français, bien entendu, ni les intérêts européens. En d'autres termes, les votes des 81 représentants français pèseront bien peu à l'encontre des 329 représentants de pays eux-mêmes excessivement sensibles aux influences d'outre-Atlantique.

Telle est bien la menace dont l'opinion publique doit être consciente. Cette menace n'est pas lointaine et théorique : elle est ouverte, certaine et proche. Comment nos gouvernants pourront-ils y résister demain s'ils n'ont pas été capables de la faire écarter dans les déclarations d'intention ?

2. L'approbation de la politique européenne du gouvernement supposerait que celle-ci fût clairement affirmée à l'égard des errements actuels de la Communauté économique européenne. Il est de fait que cette communauté - en dehors d'une politique agricole commune, d'ailleurs menacée - tend à n'être aujourd'hui, guère plus qu'une zone de libre-échange favorable peut-être aux intérêts étrangers les plus puissants, mais qui voue au démentèlement des pans entiers de notre industrie laissée sans protection contre des concurrences inégales, sauvages ou qui se gardent de nous accorder la réciprocité. On ne saurait demander aux Français de souscrire ainsi à leur asservissement économique au marasme et au chômage. Dans la mesure où la politique économique propre au gouvernement français contribue pour sa part aux mêmes résultats, on ne saurait davantage lui obtenir l'approbation sous le couvert d'un vote relatif à l'Europe.

3. L'admission de l'Espagne et du Portugal dans la Communauté soulève, tant pour nos intérêts agricoles que pour le fonctionnement des institutions communes, de très sérieuses difficultés qui doivent être préalablement résolues, sous peine d'aggraver une situation déjà fort peu satisfaisante. Jusque là, il serait d'une grande légéreté, pour en tirer quelques avantages politiques plus ou moins illusoires, d'annoncer cette admission comme virtuellement acquise.

4. La politique européenne du gouvernement ne peut, en aucun cas, dispenser la France d'une politique étrangère qui lui soit propre. L'Europe ne peut servir à camoufler l'effacement d'une France qui n'aurait plus, sur le plan mondial, ni autorité, ni idée, ni message, ni visage. Nous récusons une politique étrangère qui cesse de répondre à la vocation d'une grande puissance, membre permanent du Conseil de sécurité des Nations Unies et investie de ce fait de responsabilités particulières dans l'ordre international.

C'est pourquoi nous disons NON. NON à la politique de supranationalité. NON à l'asservissement économique. NON à l'effacement international de la France.

Favorables à l'organisation européenne, oui, nous le sommes pleinement. Nous voulons autant que d'autres que se fasse l'Europe. Mais une Europe européenne, où la France conduise son destin de grande nation. Nous disons non à une Europe vassale dans un empire de marchands, non à une France qui démissionnne aujourd'hui pour s'effacer demain.

Puisqu'il s'agit de la France, de son indépendance et de l'avenir, puisqu'il sagit de l'Europe, de sa cohésion et de sa volonté, nous ne transigerons pas. Nous lutterons de toutes nos forces pour qu'après tant de sacrifices, tant d'épreuves et tant d'exemples, notre génération ne signe pas, dans l'ignorance, le déclin de la patrie.

Comme toujours lorsqu'il s'agit de l'abaissement de la France, le parti de l'étranger est à l'oeuvre avec sa voix paisible et rassurante. Français, ne l'écoutez pas. C'est l'engourdissement qui précède la paix de la mort. Mais comme toujours quand il s'agit de l'honneur de la France, partout des hommes vont se lever pour combattre les partisans du renoncement et les auxiliaires de la décadance.

Avec gravité et résolution, je vous appelle dans un grand rassemblement de l'espérance, à un nouveau combat, celui pour la France de toujours et l'Europe de demain.

Est-ce le même homme qui préside à la destinée de la France en mai 2005 ?

Source: http://www.voxlatina.com/

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