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29 septembre 2005

L'après Le Pen a commencé

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Article de Jean-Yves Ménébrez, publié sur le site Polémia le16 septembre 2005

Source : http://www.polemia.com

Potentiellement, les préoccupations nationales et identitaires n'ont jamais été aussi fortes dans l'opinion française. Mais dans le même temps, les crises à répétition du FN et les 78 ans de Jean-Marie Le Pen en 2007 ouvrent une période d'incertitude à droite de la Droite de l'échiquier politique. Panorama des appétits et explications :

1. Le besoin d'expression nationale et identitaire est puissant.

Dans le prolongement de la victoire du non au référendum sur le traité constitutionnel européen, le besoin d'expression national et identitaire est aujourd'hui très fort en France. Car, même si le " non de gauche " a été très présent dans les urnes, il s'est construit comme le non de droite, autour du refus d'un monde sans frontières; sans frontières pour les hommes et les marchandises. A sa manière Dominique de Villepin en a pris acte en forgeant pour son compte le concept de " patriotisme économique ".

Quant aux préoccupations liées à l'immigration et à l'insécurité elles restent très présentes sur la scène sociétale intérieure. L'islamisation trouble la conscience française pendant que l'islamisme radical nourrit la crainte d'attentats terroristes. Et les flux migratoires, notamment en provenance d'Afrique, n'ont jamais été aussi élevés. Quant aux problèmes de sécurité publique - après une courte embéllie en 2003 - ils se reposent avec une acuité accrue. Le nombre des violences contre les personnes commencent à réaugmenter, et depuis le début de l'année 2005, plus de 20 000 incendies crimminelles de voitures ont déjà été commis dans les banlieues.

Immigration, insécurité, délocalisations forment ainsi les socles des jugements les plus contestataires des politiques suivies depuis 30 ans.

2. Le FN a le vent en poupe mais un avenir incertain.

Un tel contexte politique est sociologique est clairement favorable au Front National. Pour autant, son avenir n'est jamais apparu aussi incertain. En terme d'appareil, le FN est exsangue : après avoir perdu la moitiée de ses cadres en 1999 en se séparant des mégrétistes, il a perdu la moitié du reste dans les crises à répétition qui le secouent depuis. La récente exclusion de Jacques Bompard  souligne une cruelle réalité : tous les cadres du FN qui, à un moment ou un autre, ont été élus au scrutin majoritaire - ce qui est un exploit électoral avec cette étiquette là - ont été éliminés.

S'agissant de la tête, les incertitudes ne sont pas moindres : privé d'appareil et perdant encore certains de ses élus, Jean-Marie Le Pen aura des difficultés à receuillir les 500 parrainages de maires nécessaires à sa cinquième candidature présidentielle. Mais même s'il y parvient - à force d'obstination ou parce que sa candidature s'inscrira dans le jeu stratégique de tel ou de tel de ses concurrents puissant - le problème de sa succession continuera à se poser. Or aucune solution interne ne semble se dégager : Bruno Gollnicsh peine à s'imposer comme leader au sein d'un appareil devenu squelletique et alors qu'il ne bénéficie d'aucunes sympathies médiatique.

Quant à Marine Le Pen, elle a selon sa propre expression " répondu à une demande des médias " mais, bien que portant le nom de son père, elle n'a pas su asseoir sa place de dauphine auprès des adhérents du Front National qui lui repprochent peu ou prou d'avoir les mêmes idées que ... Claude Chirac. Bref, la distorsion parait grande entre le potentiel électoral du FN d'un côté, le vide de l'après Le Pen de l'autre.

3. Les tentatives d'OPA sur les électeurs du Front National.

Anticipant les perspectives d'un après Le Pen sans vrai successeur - Bruno Mégret marginalisé médiatiquement depuis l'échec de la tentative de 1999/2002, Bruno Gollnisch et Marine Le Pen s'auto-neutralisant - des forces extérieures au FN rêvent de s'en " partager la carcasse " selon l'expression narquoise de Franck Timmermans. Trois personnalités sont déjà sur le créneau : Nicolas Sarkozy, Philippe de Villiers et José Bové.

Nicolas Sarkozy compte sur l'image de fermeté sur les poroblèmes de sécurité et d'immigration qu'il s'éfforce de construire ( " il faut karchériser la cité des 4000 " ) pour receuillir une partie de l'héritage. Son conseiller en opinion, le député-maire d'Asnières Manuel Aeschlimann, affirme que le président de l'UMP capte déjà le tiers de l'électorat de Le Pen. On peu toute fois se demander si cette affirmation ne relève pas du " Wishful thinking ". Nicolas Sarkozy se retrouve en effet dans la position de Charles Pasqua, son prédécesseur au Ministère de l'Intérieur : Un discours vigoureux mais un e réalité qui ne suit pas toujours. quand on exerce les responsabilités du pouvoir, l'effet d'annonce rencontre vite des limites : le choc de la réalité que les électeurs continuent eux toujours de vivre. Surtout, le discours de Nicolas Sarkozy sur l'immigration est ambigü : son engagement fort dans la construction d'un islam de France et ses prises de position répétées en faveur de la " discrimination positive " ne vont pas sans créer un certain trouble. Sans avoir eu besoin de passer par Polytechnique, bien des citoyens comprennent en effet que la discrimination positive pour les uns signifie la discrimination négative pour les autres... c'est à dire pour eux !

Philippe de Villiers a lui, clairement infléchi son discours : au volet souverainiste traditionnel, il ajoute désormais une composante identitaire forte. Il a pris position contre l'islamisation de la France, ce qui lui vaut déjà un procès en correctionnelle, et a afficher son attention d'accueillir au sein du MPF des cadres du Front National, attitude d'inclusion nouvelle sur la scène politique. La démarche est audacieuse mais le résultat aléatoire, car géographiquement et sociologiquement, l'électorat traditionnel de Philippe de Villiers est très différent de celui de Jean-Marie Le Pen et leurs styles s'opposent.

C'est sur le style justement que compte José Bové pour capter une partie de l'électorat populaire de Jean-Marie Le Pen. Certes, son idéologie d'origine et ses relations trotskystes sont forts éloignés des thèmes sociétaux du FN, mais " sa gueule " peut plaire dans l'électorat populaire qui peut s'identifier à ce " beauf " moustachu, à ce " petit " en lutte contre les  " gros ", à cette réincarnation très " terroir " d'Astérix.

4. coût et avantage de la diabolisation.

Mais toute tentative de récupération de l'électorat de Le Pen amène à se poser la question de la diabolisation.Il faut en effet se faire entendre sur des sujets tabous, et pour se faire entendre sur des sujets tabous, il est inéluctable de heurter le politiquement correct et donc de s'exposer à la diabolisation.

La sorrtie de Nicolas Sarkozy à La Courneuve a suscité des critiques. Les propos de Philippe de Villiers sur l'islamisation l'exposent à un procès en délit d'opinion devant le tribunal correctionnel de Bobigny. Et son attitude d'ouverture en direction des cadres du Front National lui a valu un rappel à l'ordre de Julien Dray; l'ancien fondateur de SOS Racisme, aujourd'hui porte-parole du PS demandant l'établissement d'un " cordon sanitaire ". Quant aux positions anti-américaines et pro-palestiniennes de José Bové, elles lui ont déjà valu et peuvent encore lui valoir à nouveau quelques soucis médiatiques. Il est vrai que pour un homme politique aux marges, la gestion de sa diabolisation est une affaire complexe. Le risque de diabolisation présente en effet deux inconvéniants majeurs : abîmer son image et s'isoler.

Mais l'acceptation d'une certaine diabolisation est incontournable lorsque l'on aborde certains sujets, et elle présente deux avantages : elle permet de se faire entendre et elle crédibilise auprès de l'électeur contestataire. L'électeur dissident est en effet ambivalent : il peut reprocher à un leader de se laisser diaboliser mais dans le même temps, la diaboliosation lui paraît comme un label de qualité dans la rupture avec le système... La conquête des 20 % qui s'étaient portés sur Le Pen et Mégret en 2002 est devenu un enjeu essentiel de l'élection présidentielle qui nécessite de la part de ceux qui s'y risqueront un grand sang-froid car il faut accepter de subir la diabolisation dans des limites du supportable. Bref, il faut être fin en supportant de passer pour un brutal !

5. Vers une présidentielle baroque ?

A 18 mois de l'échéance de mai 2007, la folie présidentielle s'est emparée des états-majors politiques... en attendant de s'emparer des électeurs. Car la barre d'accès au second tour se situera probablement entre 15 et 17 % des suffrages. Après le choc du 21 avril 2002 et du 29 mai 2005, un nouveau séisme est possible. Certes, un deuxième tour classique est envisageable : un Sarkozy-Strauss-Kahn opposerait un partisan de l'adaptation de la France au modèle anglo-saxon à un défenseur de la " mondialisation heureuse ", laissant les 60 % de " nonistes " du 29 mai sur le côté; un Villepin-Fabius, marginaliserait les libéraux au profit d'une nouvelle illustration de " l'exception française "...

Mais un deuxième tour plus baroque n'est pas à exclure : un Le Pen-Hollande serait la répétition inversée du deuxième tour de 2002, un Le Pen-Bové verrait l'entrée du Lula français à l'Elysée, un Bové-de Villiers serait plein de suspens...Ces configurations ne sont bien sur pas certaines, elles ne sont peut être^pas les plus probables, mais le discrédit croissant du système politique traditionnel ne permet pas de les annuler à priori.

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